Judith Margolin, une humoriste qui a crée un solo qui lui ressemble

Judith Margolin, une humoriste qui a crée un solo qui lui ressemble

Judith Margolin, une humoriste qui a crée un solo qui lui ressemble

Bonjour Judith Margolin, vous participez au "Talent Show', qu'est-ce qui vous a donné envie d'y participer ? 

J.M : J'ai eu la chance d'être repérée au Paname sur le plateau d'humoristes Dafouk (merci Jeremy Sahel !) par Jonathan Ganem. C'était la deuxième fois seulement que je jouais un extrait de Mudith Monroevitz ! Il m'a proposé de venir découvrir à quoi ressemblait le Talent Show. Et je n'ai pas été déçue. Salle bondée, ambiance électrique, j ai eu ce soir-là l'occasion de découvrir des filles ultra talentueuses comme Marie s'infiltre ou Salomé Partouche. Cette fille est dingue, irrévérencieuse, avec une énergie à la Foresti. Je suis sortie de l'Espace Rachi en me disant : il y a du niveau, on peut aller vraiment loin et le public suit, j'ai la trouille mais je veux en être !


Qui est la femme que vous avez incarnez dans votre solo comique ?

J.M : Sur scène, je suis Mudith Monroevitz. C'est mon avatar. Moi en plus dingue et plus brushinguée. Mudith c'est une fille qui se prend pour la réincarnation ashkénaze de Marilyn Monroe, en toute simplicité. Malheureusement, on lui dit souvent qu'elle ressemble plutôt à Barbra Streisand et ça lui donne parfois envie d'être antisémite. Mudith n'a pas de limites, elle est à la fois au summum du glamour et vraiment très trash. C'est un peu la rencontre entre Woody Allen, Marilyn et Lena Dunham de la série Girls, mes grandes sources d'inspiration. Sa vie c'est un film, même quand elle va faire la big commission aux toilettes pendant que son rencard du soir est parti promener son chien, ça devient un véritable blockbuster hollywoodien, you know.


Comment s’est passé la rencontre avec Arnaud Ducret lors du long métrage « Les dents, pipi, au lit » ?

J.M : Une rencontre merveilleuse, on a commencé par se battre ! J'avais une journée de tournage, un petit rôle de "chef" des hôtesses de l'air dans la scène finale du film, tournée dans un véritable avion-sans ailes- face à une centaine de figurants. Arnaud cherche Louise Bourgoin dans l'avion, et comme il ne la trouve pas, il s'empare du combiné des hôtesses pour lui faire une déclaration d'amour. Et c'est là que j'apparais avec mon gros chignon banane, supra crispée, et que je me JETTE sur Arnaud pour lui arracher le micro. On n’avait jamais répété la scène ensemble, j'avais seulement fait l'essai au casting. Et j'y suis allée tellement à fond. J‘avais un peu le trac que le réalisateur et Arnaud ont flippé : "euh détends-toi, c'est une comédie romantique hein ! " Quoi, moi c'est Actor's Studio les gars, De Niro dans Taxi Driver minimum, si je suis hôtesse et qu'un type me pique mon micro, je me défends !
On a vraiment sympathisé avec Arnaud, on a improvisé cette scène ensemble, et on a beaucoup ri. C'est le genre de type qui te met à l'aise tout de suite, se souvient des prénoms de tout le monde, même des petits nouveaux. Il est très prévenant. Il faisait rire tout l'avion entre les prises, c'est vraiment un showman, mais un showman généreux et bienveillant.


A quel moment se dit-on « Je veux être humoriste ! » ?

J.M : A aucun moment ! Je suis comédienne depuis plus de dix ans, et j'ai très souvent joué des rôles comiques; des filles avec "de la gouaille", des soubrettes entremetteuses... Il paraît que c'est un de mes "emplois".
Dans la vie, c'est vrai que j'aime bien divertir mon entourage avec mes galères amoureuses et professionnelles...j'en ai eu tellement, et j'en aurai encore c'est sûr... et ça c'est du pain béni pour l'écriture ! Comme le dit Camille Chamoux dans son film Les Gazelles, parfois quand on passe une nuit foireuse avec un mec, quand un déjeuner de famille tourne à la catastrophe, on a juste hâte d'être au lendemain pour "le debrief" de ces moments gênants avec les copains.
J'adore mettre en scène les debriefs !
Mais je n'ai jamais pris la décision consciente de devenir humoriste. L'idée que les gens viennent me voir pour RIRE, et d'être SEULE sur scène ? Beaucoup trop flippant. Donc, heureusement pour moi, c'est arrivé comme ça...
En fait, je fais partie d'un fabuleux training d'acteurs dirigé par James Joint. C'est un coach génial, lui-même acteur et réalisateur.
On se réunit tous les mardis depuis plus de 2 ans, et on travaille des scènes, on improvise, on essaie de se mettre au défi, de dépasser nos peurs d'artistes. Un de ces fameux mardis, James a proposé qu'on tente tous un numéro : on pouvait chanter, danser, se travestir... ou faire un petit solo comique. Comme d'habitude, il a conseillé de choisir ce qui nous faisait le plus peur : j'ai donc choisi le solo. J'ai écrit un tout petit texte, qui s'est intégré plus tard à la version longue de mon spectacle. Je l'ai joué en tremblant, mais les copains du training ont ri et m'ont encouragée à continuer.
J'ai retravaillé encore et encore... Jusqu'à ce que Jessie Varin, la directrice artistique de La Nouvelle Seine-une péniche spectacle où se produisent beaucoup d'humoristes talentueux- ne me donne ma chance en me proposant de participer à la géniale soirée Premières Fois de Yacine Belhousse... et là, c'était parti ! J'ai pleuré de trac dans mon canapé avant de partir au théâtre mais ensuite j'ai connu le grand frisson : faire rire seule sur scène avec son propre texte, la meilleure des drogues, après tu ne peux tout simplement plus t'en passer.


Un conseil pour les comédiens qui souhaitent se lancer dans un solo comique et réussir comme vous ?

J.M : Haha, franchement je ne sais pas si je suis déjà dans la position de donner des conseils, je commence tout juste, je n'ai pas encore fait l'Olympia vous savez ! Ce que je pourrais dire, forte de ma toute petite expérience, c'est surtout de se faire (vraiment) plaisir, et de créer un solo qui nous ressemble, sans chercher à imiter les autres. Je pense que ce qui marche, c'est d'écrire le plus sincèrement possible. Ecrire beaucoup et peaufiner chaque jour cette écriture. Définir le plus précisément possible notre personnage de scène, notre double. Je suis très impressionnée et inspirée par des artistes comme Blanche Gardin, Audrey Vernon, Sophie Garric et sa série le Meufisme, ou l'américain Louis CK. Ils ont leur ton, leur personnage, leur tempo, leur angle d'attaque est précis. Tout est très défini. Quand j'ai choisi le prisme de cette fille qui se prend pour Marilyn-mais qui ne peut pas se défaire de ses origines ashkénazes- j'ai pu dérouler le fil de mon écriture et raconter toutes mes bêtises beaucoup plus facilement. Enfin, mon compagnon m'a donné ce conseil : si tu écris des choses confortables qui peuvent plaire à tes parents, c'est que tu ne te mets pas vraiment en danger ! Donc, il ne faut pas avoir peur du ridicule, car c'est un exutoire délicieux pour le public. Dans le spectacle, je danse la samba en récitant les noms des 46 fromages AOP de France avec une ceinture de poëlons à raclette autour de la taille... tout est possible si ça nous fait rire et qu' on y croit !


L'équipe Casting.fr remercie Judith Margolin pour tous ses conseils.
Retrouvez l'article sur le Talent Show : http://bit.ly/2rUK73J