« Le casting sauvage est mon sport favori » : entretien avec le directeur de casting tunisien Salem Daldoul

« Le casting sauvage est mon sport favori » : entretien avec le directeur de casting tunisien Salem Daldoul

« Le casting sauvage est mon sport favori » : entretien avec le directeur de casting tunisien Salem Daldoul

Après ses débuts en tant que régisseur pour la saga « Star Wars », Salem Daldoul est devenu directeur de casting en Tunisie. Comment se passent les castings de l’autre côté de la Méditerranée ? Y a-t-il des différentes avec la France ? Qu'en est-il de l'industrie du cinéma tunisienne ? 

D’où vient cette passion pour le milieu du cinéma ? 

S.D : À l’image d’Obelix , je suis tombé dedans quand j’étais petit. Mon père est producteur de cinéma et ma mère maquilleuse. J’ai grandi sur les plateaux, tous les techniciens me connaissaient. La Tunisie est un petit pays, et les techniciens du cinéma n’y sont pas très nombreux. J’ai donc attrapé le virus tout jeune. Après avoir obtenu mon baccalauréat en lettres en 1994, j’ai suivi des cours d’histoire de l’art à la Sorbonne à Paris, puis j’ai intégré l’école de cinéma l’École supérieure d’études cinématographiques. Entre temps, je passais tout mon temps libre dans les salles obscures. En 1999, j’ai eu la chance de faire un stage en régie sur « Star Wars I : La menace fantôme » en Tunisie, et d’enchainer comme régisseur plateau en 2000 sur « Star Wars II : L’attaque des clones ». À partir de là, le virus s’est propagé en moi et ne m’a plus quitté.

Comment êtes-vous devenu directeur de casting ?

S.D : En fait en Tunisie c’est particulier. Il faut souvent toucher à tout et être polyvalent. Ici, un assistant réalisateur se doit de faire les castings aussi. Ainsi, tout au long de mes stages et de mes débuts d’expérience, j’ai pu accumuler une banque de données de figuration, d’acteurs de cinéma et de théâtre. J’ai aussi vu pas mal de pièces de théâtre pour dénicher des perles rares. Le casting sauvage était et est encore mon sport favori. Après de expériences en tant que régisseur figuration et 2éme assistant réalisateur, on a commencé à m’appeler pour cumuler les boulots de  1er assistant et directeur de casting

Au delà des critères physiques selon le rôle, quelles qualités recherchez-vous lorsque vous faites passer des castings ? 

S.D : La sincérité, la passion, l’envie, la persévérance, l’honnêteté et le sérieux.

Quel est votre souvenir de casting le plus mémorable ? 

S.D : Je me rappellerais toujours que sur le film de Mohamed Ben Attia, l’équipe a eu beaucoup de mal à trouver les deux premiers rôles du film (le père et le fils). Mohamed Ben Attia est perfectionniste et très difficile à satisfaire. J’ai été engagé pour les trouver en deux semaines. Avant cela, bien sûr, j’avais lu le scénario, et en lisant, je commençais à voir un certain Mohamed Dhrif (paix à son âme) pour le 1er rôle. L’acteur est originaire de Monastir, à côté de Sousse, à 180 km de Tunis. En général, c’est là-bas que tous les castings sont centralisés. Je lui ai donc envoyé le texte. Dès le 1er essai, c’était le coup de foudre. Je me souviendrais toujours du sentiment de satisfaction par lequel j’ai été envahi et qui s’est confirmé un an plus tard, lorsque Mohamed Dhrif a eu le succès escompté. Il a été sacré meilleur acteur arabe au festival de Cannes. Il a également remporté le Prix du meilleur acteur pour le même rôle au Festival El Gouna.

Vous avez travaillé en France mais aussi en Tunisie. Comment se porte le milieu du casting là-bas ?

S.D : En Tunisie, nous avons bien moins de productions qu’en France. Très souvent les comédiens cumulent un autre métier. Il est difficile de vivre de ce métier en Tunisie. Bien entendu, une certaine niche de comédiens professionnels existe mais lorsque les budgets ne le permettent pas, les productions se dirigent souvent vers les castings sauvages.

Il y a beaucoup de productions ? 

S.D : En général , il y à peu un peu près cinq longs métrages par an subventionnés par l’Etat et qui sont aussi souvent co-produits par la France. On remarque récemment le retour des productions étrangères qui se sont presque arrêtés en raison de l’instabilité politique par laquelle est passée La Tunisie ces dernières années. 

Vous êtes aussi le fondateur de l’agence Spokesmen Agency. Quelle était votre intention ? 

S.D : L’idée de base est de structurer le domaine de l’acting en Tunisie. Il y’a beaucoup de potentiel dans ce pays, mais mal géré et mal exploité. J’ai donc pensé, avec mes deux associés, à ouvrir notre agence afin d’aider nos acteurs à montrer ce potentiel en Tunisie et ailleurs. On a réussi récemment à dénicher un rôle à l’une de nos actrices pour une série produite par Netflix tournée au Maroc. On a ouvert il y’a deux ans. C’était difficile au début, mais nous n’avons pas baissé les bras et cela commence à porter ses fruits

Quels profils recherchez-vous ? 

S.D : De nouveaux visages avec l’étincelle dans les yeux, cette personne qui saura faire la différence.

Quel conseil donneriez-vous à tous les membres de Casting.fr qui souhaitent réussir dans le milieu artistique ?

S.D : C’est d’être humbles, honnêtes et sincères. Quand on veut, on peut ! Tenez bon, remettez-vous en question, bossez, persévérez et vous y arriverez !

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