DADOU le célèbre dessinateur de la bande dessinée Chloro King répond à nos questions.

DADOU le célèbre dessinateur de la bande dessinée Chloro King répond à nos questions.

DADOU le célèbre dessinateur de la bande dessinée Chloro King répond à nos questions.

Découvrez l'actualité de la Bande dessinée CHLORO KING ici.

Bonjour David Buonomo, dit Dadou ! Vous êtes auteur, scénariste et illustrateur de la bande dessinée " CHLORO KING ". Racontez-nous, de quoi traite cette BD ?

D.B :
Cette BD commence juste avant l’annonce officielle de la pandémie de Coronavirus et elle se termine au premier déconfinement. Je me sers du personnage du professeur Raoult que j'ai renommé “Chloro King” et que j'ai créé en dealer de Chloroquine venant d'une cité marseillaise. Il me permet de m’amuser de manière satirique autour du Covid, du confinement, et de toutes les polémiques qu'on a vécu. La BD retrace tout ce qui nous est arrivé de Mars à Mai.

Pourquoi avoir fait de Didier Raoult votre personnage principal ?

D.B : C'est une personne qu'on a envie de caricaturer, il sort de l'ordinaire, il a un look, sa façon de parler, c'est une "grande gueule". Le 9 avril, quand Emmanuel Macron a rendu visite à Didier Raoult, j'avais fait un dessin d'actualité, puisque je suis aussi dessinateur de presse, sur cette rencontre où le professeur Raoult demandait au président " Tu cherches de la chloro, frère ? ". Il y avait un potentiel comique avec ce personnage. Ça a fait rire et j'ai pris goût à créer des histoires avec lui et à le faire vivre.

Cette œuvre humoristique se veut-elle une critique ou un trait d'humour à prendre avec légèreté ?

D.B : La BD ne s'adresse pas aux pros ou aux antis Raoult, elle s'adresse à tout le monde ! Le but, c'était de faire rire avec un sujet dont on a tous été victimes. Je voulais que les gens rient au moins une heure en 2020. Si ça peut faire réfléchir, tant mieux... Mais c'est surtout pour prouver qu'en 2020, on peut encore rire de tout.

Quels sont les autres personnages que nous retrouvons souvent dans cette BD ?

D.B : Trump, Bolsonaro, des personnes des médias, Boris Johnson, des joueurs de l'OM, Cyril Hanouna, Cyril Lignac... Vous allez vous remémorer les 4 mois qu'on a vécu en début d'année en ouvrant la BD.

Avez vous utilisé cette BD comme moyen d'expression pour faire entendre votre point de vue quant à la crise sanitaire actuelle ?

D.B :
Pas sur le débat pro ou anti Raoult ! C'est plus une "critique humoristique" des petits travers de nos concitoyens ou de la communication de notre gouvernement... Je me "moque" un petit peu de nos travers à nous, de ceux de la télé et de ceux du gouvernement.

Pensez-vous que l'humour est un moyen d'expression efficace ? Racontez-nous…

D.B :
L’humour est essentiel à la vie. Il a été créé dans les moments les plus difficiles. Il faut rire, c'est vital. Le rire aide à sortir et à survivre aux moments délicats. Je pense qu'actuellement il faut rire de tout, sinon on aura une société morose. Le rire est un exutoire. Si pendant une heure vous lisez la BD et que vous analysez tous les thèmes, vous allez voir qu'on peut se marrer de tout, et sans parti pris.

Quand vous pensez une BD, qu'est ce qui vous vient en premier : Les illustrations, ou les dialogues ? 

D.B :
La plupart du temps c'est le gag de fin. J'ai souvent la chute. Parfois, j'ai envie de caricaturer quelqu'un et donc j'ai déjà le personnage. D'autres fois, c'est par thème. D'autres encore, j'ai la chute et je dois inventer ce qui se passe avant. L'image, le dialogue ou la vanne me viennent.

Qu'est ce qui est à vos yeux le plus difficile dans l'illustration ?

D.B :
Ce n'est pas la création du scénario. Le dessin est agréable, mais c'est plus difficile et plus dur. J’ai mis 6 mois pour dessiner " CHLORO KING ". C’est un travail ou il faut être assidu. Vraiment. Un dessinateur essaye aussi un peu de se mettre en danger au niveau des angles de vue. Je voulais vraiment vous surprendre et donner de la dynamique à la BD. Le plus difficile c’est de ne pas être redondant, c'est ce que j'ai voulu faire. Je voulais que ça bouge et que vous ne vous embétiez jamais. C’est de l’humour, donc à chaque page je voulais qu'on se prenne une petite claque en pensant toujours que la page précédente était la plus drôle alors que non.

Vous êtes aussi dessinateur de presse, caricaturiste, et éditeur. Y a t-il un des postes auxquels vous vous plaisez le plus ?

D.B :
Je ne voulais pas faire qu’une seule discipline dans le dessin. J'adore faire de la BD mais c’est tellement long et solitaire que je ne voulais pas faire que ça. Dans le dessin de presse, on trouve une actualité, on dessine, on poste sur les réseaux et on a des réactions : c'est génial. La BD c’est un marathon, le dessin de presse c’est un 100 mètres. Les caricatures sont comme du théâtre d’impro, vous êtes beaucoup plus en danger. Notamment quand je fais des dessins en direct sur Eurosport. Tout ça a ses bons côtés et ses mauvais côtés. Je pense que je ne pourrais pas faire qu’une seule chose !

Y a t-il une formation à suivre pour devenir illustrateur et auteur de BD ? 

D.B :
Toute ma vie j'ai voulu être dessinateur. Je n’ai jamais pris de cours de dessin. J'ai fait un BAC éco, donc rien à voir. Ensuite j'ai fait une FAC de lettres en art du spectacle, car j'étais attiré par le cinéma. J'ai fait de l'art plastique, car tout le monde me disait que je dessinais bien, mais on nous y apprenait surtout la théorie. Là- bas, j'ai rencontré des gens qui avaient la même passion que moi et ça m'a motivé de rencontrer des gens comme moi. J'ai eu un parcours atypique, je savais que je pouvais y arriver tout seul en m'entrainant comme un sportif ! J'ai fait 8 ans de restauration, ce qui m'a permis de voir la France sous toutes ses formes : j'ai travaillé la nuit, le jour, dans une station balnéaire... Grâce à ça, j'ai gagné 10 ans d'analyse. Un dessinateur est très observateur... quand je dois caricaturer des personnes, je vais associer la tenue avec l'état d'esprit, avec la région… j’ai bien analysé notre pays ! Beaucoup plus qu’avec une école. Quand j'ai eu le coup de crayon que je voulais, et que j'ai atteint le niveau pour devenir dessinateur, je me suis donné un an pour en faire mon métier. Quelques mois plus tard, j’ai eu l'idée de faire une BD sur Louis Nicollin, et Eurosport est venu me chercher.

Quels conseils donneriez-vous aux membres Casting.fr qui, comme vous, souhaitent écrire ou illustrer leurs propres BD ?

D.B :
Pour toute personne qui veut faire un métier artistique : il faut avoir confiance en soi. Ne pas écouter trop les autres... les écouter, mais garder confiance en soi ! Ne pas avoir peur d'aller à des rendez-vous et à des rencontres : chaque rencontre amène une autre rencontre… il ne faut pas avoir la flemme, il faut y aller : on va peut-être y rencontrer des gens qui vont changer notre vie. Il faut aller de l'avant et ne pas attendre chez soi. Il faut croire en soi et savoir aussi que c'est un métier et un travail dur. Dessinateur, c’est mettre sa vie entre parenthèses lors d’un projet, comme un réalisateur, pendant 6, 8 mois. Après ça apportera beaucoup de satisfaction mais c'est beaucoup de travail. Si on est pas prêt à travailler on y arrivera pas. Il ne faut pas avoir peur d'être seul, c’est solitaire et on ne peut pas se faire remplacer...