"Un cadeau particulier", une pièce au ton ciselé, des répliques cinglantes et dynamitées. Rencontre avec l'auteur : Didier Caron

"Un cadeau particulier", une pièce au ton ciselé, des répliques cinglantes et dynamitées. Rencontre avec l'auteur : Didier Caron

"Un cadeau particulier", une pièce au ton ciselé, des répliques cinglantes et dynamitées. Rencontre avec l'auteur : Didier Caron

Bonjour Didier Caron, de la banque au cinéma, puis au théâtre...Racontez-nous !

D.C : Je suis convaincu qu’une voie nous est tracée et qu’on la trouve ! J’ai toujours aimé raconter des histoires mais je ne savais pas par quel bout prendre la chose. J’étais jeune, j’hésitais ; la banque n’était pas une passion évidemment, le cinéma m’intéressait sans plus, le théâtre m’attirait davantage. À un moment de ma vie, ne sachant pas trop où me diriger, une personne est apparue sur mon chemin et m’a guidé pour ouvrir les yeux. J’ai pris mon téléphone, j’ai téléphoné à un cours de théâtre, l’aventure était lancée.

Votre dernière pièce "Un cadeau particulier" est une pépite drôle au récit ciselé, vous avez un grand plaisir à écrire, jouer avec les mots, parlez nous de votre dernière œuvre.

D.C : Je souhaitais que cette comédie diffère de ce que j’ai l’habitude d’écrire, tout du moins dans le ton, sans une recherche systématique de l’effet comique ; d’ailleurs le but n’était pas de faire rire toutes les trente secondes mais de travailler davantage sur la vérité de ce que ressentent, pensent les personnages. Je n’ai pas voulu me laisser à des facilités, quelques habitudes prises par le passé, quelques tics d’écriture. J’apporte beaucoup d’attention dans la construction de l’histoire, c’est un travail laborieux mais nécessaire afin que la structure soit la plus solide possible, comme un cadre que je me serais délimité et dans lequel, je vais pouvoir m’amuser ; parfois, je sors de ce cadre, ou plutôt ce sont les personnages qui poussent les limites du cadre et je les pousse avec eux. Évidemment, ma récompense reste les dialogues qui donnent vie à l’ensemble. J’avoue que c’est mon vrai bonheur de donner corps et chair à des personnages. Je me suis d’ailleurs créée une maxime : « Je dois me hâter d’écrire, car mes personnages s’impatient d’exister ».

Comédien dans la série, "Blague à part", écriture, scène, où êtes-vous le plus heureux ?

D.C :Tous ces domaines m’enthousiasment, mais raconter une histoire reste sûrement un cran au-dessus. D’ailleurs quand j’écris, je ne pense pas spécialement à me donner un rôle, je les aime tous, les connaît tous, plus tard vient le temps de la distribution mais je n’écris pas pour moi, j’écris pour que vive une histoire. 

Vous rappelez-vous de votre premier casting ? Avez-vous une anecdote à nous raconter, bonne ou mauvaise ?

D.C :Je ne me souviens pas spécialement de mon premier casting, quoi que je pense que je devais être très intimidé. Je me souviens du casting pour une pub, une marque de lait, j’étais fatigué en arrivant, le dernier de la liste et lorsque je suis fatigué mon léger zozotement se fait plus prononcé. La phrase à dire était truffée de S !  On entendait que ça, ce n’était pas un cheveu sur la langue que j’avais mais une touffe ! Le réalisateur, Étienne Chatiliez, s’en est amusé et j’ai eu le rôle pour ce spot qui avait très bien marché à l’époque : "C’est quoi cette bouteille de lait ?!"

En tant qu'auteur, avez-vous participé vous-même au choix du casting pour "Un cadeau particulier"?

D.C : Oui, tout à fait, je n’aime pas faire passer un casting, car je ressens parfois très fortement l’attente de la personne en face pour qui un rôle peut être décisif d’un point de vue artistique ou financier ; j’essaie de ne pas me faire prendre par l’affectif et de rester sur le terrain professionnel. Pas toujours facile. Pour Un cadeau particulier, c’était plus simple car avec Christophe Corsand et Bénédicte Bailby, leurs visages et leur personnalité ont été pour moi une évidence immédiate ; ils ont accepté sans même avoir besoin de passer le moindre essai.

La presse a salué le jeu de lumière, la mise en scène, le jeu des comédiens, un vrai succès... Parlez-nous de l'équipe qui vous entoure et de votre rencontre avec Karina Marimon, comédienne.

D.C : Il est vrai que ce Cadeau particulier était entouré d’une belle équipe ; l’équipe du Théâtre du Funambule était très impliquée et Sandra Everro et Julien Heteau nous ont ouvert leur lieu en toute confiance. Je connaissais Karina Marimon car elle avait interprété brillamment ma femme dans la pièce précédente, Le Jardin d’Alphonse. C’est sa première mise en scène, mais sûrement pas sa dernière, car je dois dire que c’est une excellente menteuse en scène, qui sait parler et diriger les comédiens, qui a l’œil, qui pense à tout, qui a un vrai point de vue, très exigeante ; je ne demande qu’à réitérer la collaboration.

 Pendant le confinement, cette pandémie a-t-elle été source de création ou plutôt déprime ?

D.C : Ce confinement a augmenté mon temps d’écriture, j’ai ainsi pu retravailler deux de mes anciennes pièces qui partiront du coup en tournée à l’automne prochain et une autre au Théâtre des Salinières à Bordeaux. Je suis actuellement en train d’en écrire une nouvelle. Bien sûr, il y a eu des moments de doute où je me demandais à quoi pouvaient bien servir ces écritures ! Le bout du tunnel ne s'éclaircit pas, mais ce fut passager et je dois dire que durant ce confinement, j’ai énormément écrit et ça a été une période terriblement studieuse et positive.

 Enfant, auriez-vous imaginé une carrière artistique, quels étaient vos rêves?

D.C : Je n’avais pas de rêve particulier, j’avais juste une certitude, celle que ma vie serait faite d’une passion. Mais laquelle ? Gamin et adolescent, j’ai touché à la musique, à la batterie, j’ai joué dans un club de football à un niveau national, j’écrivais des petites bêtises et j’aimais faire rire mon entourage ; ma sœur faisait du théâtre en amateur et je lui disais que je trouvais ça ridicule ! D’une certaine façon, j’ai réalisé un rêve, celui de vivre de créations, de partir de rien et d’inventer, librement.

" Un cadeau particulier" est en VOD jusqu’au 4 avril, une solution pour nous tous enfin, le spectacle nous manque ! Quel regard portez-vous sur ces nouvelles solutions digitales ?

D.C : À l’inverse peut-être de certaines personnes, je trouve cette solution complémentaire à celle de jouer devant un public. Bien évidemment, il ne faut pas que ces solutions se substituent à celles de jouer devant un public, d’entendre des rires mais je suis persuadé qu’au contraire, c’est un accélérateur pour les gens qui ne peuvent pas se déplacer. Moi-même, j’ai toujours regardé du théâtre à la télévision, des pièces dont j’ai acheté les DVD, le théâtre filmé ne me dérange pas s’il est bien réalisé. Jadis, au théâtre ce soir n’a jamais vidé les salles, bien au contraire !

Quels conseils pourriez-vous donner aux membres de casting.fr qui aimeraient devenir comédien et pourquoi pas un jour jouer dans l'une de vos pièces, comment se lancer ?

D.C : Votre question est très difficile car notre métier est un grand système D où l'abnégation est parfois plus importante que le talent. Il n’y a pas de règles, commencer par aller dans un cours de théâtre bien sûr, mais ne pas attendre ensuite que le téléphone sonne ; il faut se fédérer avec d’autres personnes, créer sa compagnie, sa troupe, écrire des pièces, monter ses projets, compter sur soi et être patient ! Quand nous étions au cours de théâtre, c’est ainsi que nous avons procédé et ça a été un vrai propulseur. En tout cas, je serai ravi un jour de vous proposer un casting !

Crédit photo :  Franck Harscouet.