Focus sur Maxime Minault, auteur de Geek, la comédie intéractive du Festival Off d’Avignon qui te donne le pouvoir de choisir qui tu veux voir jouer en live.

Focus sur Maxime Minault, auteur de Geek, la comédie intéractive du Festival Off d’Avignon qui te donne le pouvoir de choisir qui tu veux voir jouer en live.

Focus sur Maxime Minault, auteur de Geek, la comédie intéractive du Festival Off d’Avignon qui te donne le pouvoir de choisir qui tu veux voir jouer en live.

Bonjour Maxime Minault, pouvez-vous présenter votre parcours professionnel et artistique brièvement?

J'ai eu un parcours scientifique durant ma scolarité puis je me suis dirigé vers le théâtre. J'ai suivi les cours Florent pendant 3 ans avant de travailler dans le théâtre et d'occuper, comme beaucoup, tous les postes, un peu de figuration, de jeu d'acteur, de doublage, d'écriture ou de mise en scène dans divers projets au théâtre ou dans des vidéos institutionnelles. Depuis 2016, je m'occupe de la direction artistique de la salle La Grande poste à Bordeaux.

Parlez-nous de votre spectacle Geek.

G.E.E.K. pour “Génération Étonnante d'Émotions Kontradictoires" (avec un K) est une pièce qui mêle le théâtre au jeu vidéo. L'idée est de faire de chaque spectateur un "joueur" et des comédiens leurs "avatars". La pièce va donc évoluer en suivant les choix faits par le public à travers toutes les variations qui leur sont proposées. C'est le principe des jeux de style histoire interactive. On y retrouve donc un couple, Lucie et Mathieu qui ont décidé d'emménager ensemble mais qui vont devoir composer avec Ernest le meilleur ami de Mathieu qui squatte chez lui et qui n'a aucune envie de laisser la place. Mais il n'y a pas de gentil ou de méchant dans GEEK et le public va pouvoir choisir de suivre l'action selon le point de vue de Lucie, de Mathieu ou même d'Ernest.

Comment vous est venue l’idée d’écrire Geek ?

G.E.E.K., dans sa première mouture, était une comédie romantique assez classique dont la seule particularité était d'aborder la culture geek, de mettre à mal certains clichés et de faire plaisir aux initiés en glissant quelques références. Mais en allant plus loin dans l'écriture, j'ai eu l'envie de partager le plaisir que j'éprouve en jouant à un jeu vidéo. Et la spécificité des histoires du jeu vidéo c'est que le "spectateur" n'est jamais inactif, il est le joueur qui participe directement à l'action. C'est comme ça qu'est venue l'idée de faire une pièce interactive qui parle de la culture du jeu vidéo et qui se vit, j'espère, comme un jeu vidéo.

L’interactivité est ce qui fait Geek, pourquoi avoir choisi de lier l’univers des jeux vidéo au théâtre ?

La culture geek est de plus en plus présente dans les médias et la culture populaire. La génération qui a grandi avec celle-ci est adulte désormais et c'est tout à fait normal que ces références prennent plus de place et touchent plus de gens.Toutefois, elle n'a pas encore atteint le moyen d'expression qu'est le théâtre qui est celui que j'aime le plus. Et "piquer" des procédés narratifs aux autres arts (cinéma, musique, arts picturaux...) pour en tirer parti et évoluer c'est le propre du spectacle vivant, c'est ainsi que sont même parfois nés de nouvelles formes. Et je me suis demandé ce que le théâtre pourrait tirer de la narration interactive du jeu vidéo.

Créer un spectacle intéractif c’est écrire plusieurs scénarios en fonction de différents cas de figure, comment avez vous géré tout cela ?

Tout d'abord, j'avais une histoire assez simple en ligne droite qui était celle de la première version de la pièce. A partir de là, j'ai décidé de permettre de voir les points de vue de chacun des personnages indépendamment. J'ai donc écrit trois versions de la pièce, une par personnage, avec donc dans chacune des scènes qui disparaissaient car le personnage principal en était absent et d'autres que je rajoutais pour amener un peu de cohérence. J'ai également dû mettre en place une architecture commune en trois parties pour que chacune de ces versions soit d'une longueur équivalente. Mais là, nous n'avons pas encore tous les choix du spectateur. C'est à partir de ces trois versions que j'ai pu commencer à m'amuser à créer l'arbre des possibilités pour arriver aux 19 683 variations différentes de la pièce.

Sur quoi vous êtes-vous basés pour imaginer les cas de figure qui pourraient plaire au public ?

Ma réponse est probablement bête mais simplement sur mon ressenti. L'idée est de faire que les choix soient impactants donc j'ai pensé d'abord à la situation, est-ce que je voudrais, moi, que l'on me demande mon avis à cet instant de la pièce. Une fois ceci fait, j'ai pensé que les propositions devaient être complètement opposées avec une un peu plus nuancée entre les deux.

En tant qu’auteur, qu’est-ce-que ça fait de jouer dans sa propre pièce ? Est-ce que c’est une première pour vous ?

C'est en effet une première et c'est quelque chose de compliqué. Je n'ai pas voulu être metteur en scène, en plus du reste et, une fois le travail de plateau commencé, il est très difficile sur une pièce que l'on a écrite d'être uniquement comédien comme ce devrait être le cas.

Comment se sont passés les castings ? Sur quels critères vous-êtes vous basés pour choisir les meilleurs comédiens pour Lucie, Mathieu et Ernest ?

Nous avons deux équipes de comédiens et les castings se sont passés en deux temps. Pour la première équipe, j'ai commencé par expliquer ce qu'était la pièce et en particulier la partie "interactivité" en insistant sur le caractère inhabituel de celle-ci et de la difficulté que ça pouvait avoir au niveau de la compréhension de la pièce à la lecture et pour l'apprentissage. Une fois que les comédiens étaient informés de ce que nous attendions, le jeu était le plus important. Renato, le metteur en scène, leur a ensuite donné quelques consignes pour voir leur adaptabilité et leur réactivité à celles-ci. Pour la deuxième équipe, il y a eu en plus des critères physiques à respecter puisque le spectacle comporte des avatars vidéos formés d'après la première équipe, il nous fallait donc des comédiens qui y ressemblaient au moins approximativement.

Quels conseils donneriez-vous à nos membres VIP ?

Pour les castings, c'est un peu délicat, ce n'est pas mon domaine de prédilection et je ne pense pas être le mieux placé pour donner des conseils mais sur ceux que j'ai fait passer, j'ai apprécié les candidats qui semblaient avoir préparé l'audition un peu plus que seulement apprendre le texte ou travailler son jeu. Ceux qui se renseignaient sur la pièce, qui venaient avec une tenue en rapport avec le personnage... Dans la même idée, poser des questions supplémentaires lors de la prise de rendez-vous ou avant l'audition peut être une bonne idée, ça montre l'intérêt du comédien pour le rôle.